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martineden
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Catégorie :
Blog Tourisme et Voyages
Date de création :
15.05.2008
Dernière mise à jour :
23.12.2008

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C'est bien peu deux rives...

C'est bien peu deux rives...

Publié le 29/10/2008 à 12:00 par martineden
Alcoutim – Sanlucar.

Nous avons remonté le rio Guadiana. Timshel est mouillé au centre du fleuve et c’est un peu comme une petite Amazone. L’eau couleur de boue charrie bambous, branches et troncs d’arbres qui tapent contre la coque. La ligne fictive de la frontière passe au milieu du bateau. Tribord est en Espagne, babord au Portugal et le contraire à la renverse de marée. Si, des deux côtés de la rive, les pierres des châteaux Maures ne font plus que s’effriter au soleil, si les canons ont des oliviers qui leur poussent dans la bouche, si les tours de guets sont des auberges pour les vautours, ils restent toutefois la bataille des langues et des horaires. Sur le bateau, suivant de quel côté que l’on se trouve, il est un horaire différent et deux façons de trinquer.
Nous avons quitté les dunes des pêcheurs pour les collines des chasseurs. Les taches oranges, vertes et jaunes qui sont dans l’eau ne sont pas quelques poissons descendant des montagnes, mais les reflets des oranges et olives d’Algarve qui regardent leurs frères, citrons et coings d’Andalousie. Le soir, le fantôme de Cervantes, assis au pied d’un des moulins à vent, reste songeur face aux éoliennes géantes qui se pavanent à l’horizon. Et sur le fleuve, la colonie habituelle des bourlingueurs à voile, échange à tour de bras rêves et destinations.
En matière de destination, il y en a une, pas très loin, qui mérite le détour. Par souci de préserver, à leur demande, le monde qui s’y est inventé, je n’en donnerai pas l’exacte position. C’est par l’eau, uniquement, que l’on y a accès. Au travers d’un dédale de roseaux géants, seul un guide peut y emmener l’invité. Et c’est parce que, invités nous l’étions, que nous avons pu, non seulement accéder à cet univers, mais aussi éviter d’avoir les yeux bandés.
Après la souche où niche un couple de Martins-pêcheurs, il y a sur la berge, parmi les Hérons argentés, d’immenses saules dont les branches sont comme le rideau d’une cascade. Et quand l’annexe y pointe son nez et écarte le tissu végétal, une colonie de rarissimes pies aux ailes bleues vous piaille le début du spectacle. Une immense muraille de fer rouillé et de peinture écaillée signifie le bout du voyage. L’échelle de coupée aux cinquante barreaux donne une idée de l’ascension. Et nous voici sur le pont de ce que nous savons maintenant être un ancestrale et gigantesque remorqueur, échoué.
Des enfants, des chats, des chiens courent sur la passerelle. Une jeune fille se lave les cheveux dans une grande bassine d’eau de pluie. Quand elle nous voit, elle s’excuse et appelle sa mère qui arrive en ouvrant les bras. Caro est visiblement la maîtresse du lieu, le capitaine naufragé volontaire, le chef d’une tribu pacifique. Il y aura aussi : Robin le musicien électro qui fait encore danser de ses rythmes les boîtes de New York. Patrick le militaire anglais retraité, trépané dans la jungle de Bornéo. Kinsley l’ébéniste Irlandais de l’école Boulle. Derrick le curé écossais de la paroisse d’Alcoutim, alcoolique au dernier degré, et qui décrète que la foi est plus importante que le foie. Paul le hollandais, boursicoteur heureusement repenti. Toni et Jane, le couple d’octogénaires qui danse toute le nuit et couche tout le monde. Et puis, et puis, plein d’autres encore…
Car ils sont bien une cinquantaine sur la rive du fleuve. Répartis sur cinq kilomètres. Arrivés au fil des années, la plupart en bateau, installés ici pour toujours. Ils ont défrichés le coin de terre, coupés les cactus et la mangrove, construits de petites fincas devant de petits pontons. Pas de titre de propriété, le domaine est public, public donc à tout le monde. Encore moins de permis de construire, comme s’il fallait une permission pour bâtir… À Sanlucar on les appelle les hippies, à Alcoutim, les babas. S’ils en ont l’apparence, ils n’en sont pas vraiment. Ils pratiquent la compassion mais uniquement sur et dans leur Babel. Leur microsociété est régie par les lois de l’Anarchie, celle chère à Bakounine. Les enfants sont scolarisés, les adultes ont de petits jobs. Derrick, le prêtre, est chargé du ravitaillement et s’acquitte de sa tâche une fois par semaine, après son office. Il se charge aussi de vendre les petits sachets d’herbe qu’il cache sous sa soutane. Car la communauté, en plus des poules et des ânes, cultive beaucoup…
Mais ne vous méprenez pas, il y a chez eux plus de Fight Club que de Cat Stevens. Leur attitude ressemble à celle de Brad Pitt, quand, à la fin du film, il regarde s’écrouler le monde de la finance, des marchands, de l’emploi. Ils sont connectés à Internet et ont des portables. D’ailleurs ce sont eux qui nous apprennent que le globe est ravagé par une crise économique sans précédent. Nous étions bien loin de tout ça, nous, sans télé, sans radio. Et nous nous rallions volontiers à leur joie dans une grande fête qui durera deux jours et deux nuits. Deux fois quarante huit heures, où dans des éclats de rire, nous nous abreuverons de l’espérance d’un univers à bout, qui s’écroule. De gens qui enfin descendent dans la rue et coupent les bonnes têtes au lieu d’élire les mauvaises. Fut un temps ou les français étaient les meilleurs dans ce domaine… Ces réjouissances nous rappellent celles où nous avions fêté un certain 11 septembre.
Et puis, un matin, après avoir aidé à la récolte de Skunk avant qu’il ne fasse trop chaud, il faut repartir. La prochaine fois, Jojo, en échange de la recette du pain aux olives et amandes donnera sa collection de coquillages. Gros Nono promet, lui, de venir chaque semaine que nous resterons, initier les enfants à la clarinette et à la trompette.
Pendant la nuit, un bébé est tombé malade. Au retour, juste après l’arbre aux aigrettes, nous croisons l’annexe qui amène le toubib espagnol. Il a les yeux bandés.
On nous bassine depuis tout petit avec cette image de la vie qui serait comme un fleuve sur lequel nous passerions d’une rive à l’autre. En quittant cet endroit il me vient à l’idée que c’est bien peu, deux rives…

:: Les commentaires des internautes ::

Anonyme le 11/11/2008
hello !
j'emprunte ta photo de moulin pour mon myspace, parce que la don quichotte que je suis n'assume pas ses géants, quand toi, tu es allé les chercher... je suis juste admirative.
Je vous embrasse
Nadine